25/05/2011

MIRO Joan : L'Addition





MIRO Joan
(1893 – 1983)


Photo : Gits Delphine



L’addition
1925
Huile sur toile encollée
Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris.


Subissant l’influence de la peinture surréaliste, mais surtout au contact du peintre André Masson, l’artiste Joan MIRO découvre l’art de la poésie. Il passe d’une période artistique aux tons cubistes vers une peinture dite  « onirique ».


Joan MIRO s’inspire du roman moderne d’Alfred Jarry : Le Surmâle (1902). Cet écrit met en valeur que le concept d’amour n’est qu’un automatisme, une réalisation physique et mécanique.

 « L'amour est un acte sans importance, puisqu'on peut le faire indéfiniment ».

Le protagoniste Marceuil dévoile avoir fait l’amour au nombre absurde de 89 fois. Le concept de perpetual-motion food (nourriture du mouvement perpétuel) développée par le personnage fictif William Elson, met en valeur l’idée de la régénération musculaire durant un effort. Un homme pourrait donc devenir un bodybuilder en puissance tout en rivalisant avec le fantasmagorique. Suite à cette lecture de cette diatribe, l’artiste décide de tenter l’expérience faite par le personnage Marceuil avec une amie.

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L’addition présente deux personnages principalement accompagnés de chiffres symboliques à travers un décor lumineux.

La représentation féminine porte un masque vert assorti d’une plume, tandis que l’image masculine  revêt un masque blanc rehaussé d’une coiffe (cercle ouvert). Celle-ci est accompagnée de trois plumes dessinées de lignes courbées dont l’une est rouge et les deux autres jaunes. Ces masques symbolisent le déguisement porté par les deux amants au sein du Surmâle. Les entités se déguisent en indiens afin de développer leur imagination et leurs jeux sexuels. Leur masque-visage évoque le travail antérieur de l’artiste sur le cubisme, en rappel aux masques primitifs étudiés par de nombreux peintres au début de l’art moderne (Les demoiselles d’Avignon, Picasso, 1907).


Les deux personnages sont liés au sein d’une composition étudiée. La couleur rouge, référente en trois points,  permet de deviner la proximité entre les deux êtres. Cette couleur est une référence par rapport au jeu sexuel. Présente sur l’une des plumes de la coiffe de l’homme, elle marque l’importance de la mise en scène qui autorise la séduction et l’envie sexuelle. Elle se reproduit au sein de la forme arrondie au bas de sa tête masculine, elle figure son sexe donc sa virilité. Cette même couleur se répercute à travers la forme qui évoque un organe, vraisemblablement sexuel, à gauche de la femme.


Photo : Gits Delphine

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L’homme au masque blanc est composé d’une ligne qui guide le spectateur vers une série verticale de chiffres (en haut à gauche du tableau).

Photo : Gits Delphine

Ces nombres évoqueraient le nombre de fois où l’artiste aurait tenté l’expérience sexuelle (environ dix), mais aussi le nombre de fois où il serait arrivé à effectuer celle-ci à la suite. La série de nombre marque l’évolution de la performance sexuelle ainsi que la maîtrise de cet acte comme une prouesse sportive. Les chiffres 3 et -4 figurant approximativement à coté du 6, du 7 et du 8 me reste énigmatiques. Malgré différents calculs savants, je suis toujours arrivée autour du chiffre référent 89 par la multiplication, à vous de résoudre l’énigme s’il y en à une !


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Cette création onirique affirme le style surréaliste de l’artiste Joan MIRO tout en faisant honneur à un concept pulsionnel de l’amour. L’acte sexuel est représenté de façon symbolique par l’intermédiaire de la couleur, des formes et des chiffres.




En savoir plus sur l'artiste :


Parcours pédagogique : http://www.curiosphere.tv/miro/


Site du Centre Pompidou : http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-miro/ENS-miro.html










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